Aiguës ou chroniques, diffuses ou très localisées… Les douleurs au talon comptent parmi les motifs les plus fréquents de consultation en podologie.
Un fait qui n’a rien d’étonnant quand on sait que le talon est la base de tous nos appuis.
Pour ne rien arranger, la structure du talon est complexe. Et chacun des éléments qui le composent (os, tendons, muscles…) peut être l’objet d’atteintes spécifiques. La douleur peut donc être multifactorielle et l’origine du mal d’autant plus difficile à déterminer.
Alors, concrètement, comment venir à bout d’une talalgie ? Votre podo-orthésiste vous répond.

Comprendre l’anatomie du talon, un préalable indispensable pour bien traiter la douleur
Conçu pour supporter le poids du corps et absorber les impacts dus aux déplacements, le talon est une structure complexe où se côtoient tissu osseux et tissus mous.
Le calcanéum, base osseuse du talon
Os le plus important du pied, le calcanéum permet l’appui du corps au sol. En parallèle, il sert aussi de point d’ancrage à de nombreux tissus musculo squelettiques (muscles, ligaments, tendons…). Autant de raisons qui font du calcanéum une « pièce » essentielle, pour la marche comme pour le maintien de l’équilibre.
Le fascia plantaire
Accroché à la partie postérieure du talon via la tubérosité calcanéenne, le fascia plantaire (ou « aponévrose plantaire ») s’étend jusqu’aux métatarsiens. Membrane fibreuse, l’aponévrose plantaire remplit plusieurs fonctions :
- elle permet de maintenir la cambrure naturelle du pied (voûte plantaire) ;
- elle répartit le poids du corps sur l’ensemble de la voûte plantaire ;
- elle participe à la propulsion en stockant et restituant l’énergie lors de la marche (ou de la course), exactement comme le ferait un ressort dans un système mécanique.
Le tendon d’Achille (ou tendon calcanéen)
C’est le tendon le plus épais et le plus résistant du corps humain. Il relie les muscles du mollet au calcanéum. Parmi ses fonctions : permettre la flexion plantaire du pied et stabiliser l’articulation de la cheville pendant la marche. En transmettant la force musculaire des mollets vers le pied, il sert à la propulsion du corps.
Les bourses séreuses et les coussinets adipeux
Mais le talon est aussi composé de tissus mous. Les bourses séreuses, cavités remplies de liquide synovial, en font partie. Leur rôle ? Réduire les frictions entre tendon et os (bourse rétro calcanéenne) ou entre tendon et peau (bourse sous-cutanée). En facilitant le glissement des différentes structures, elles ont une fonction protectrice.
Autres éléments protecteurs : les coussinets adipeux. Entre le tendon d’Achille et le calcanéum, on trouve le coussinet adipeux dit « de Kager », sorte de pivot agissant comme un amortisseur pour protéger le talon d’Achille lors des mouvements de la cheville. Et sous le calcanéum, dans la partie inférieure du talon, le coussinet adipeux plantaire. Compartimenté par des cloisons fibreuses, il agit comme un amortisseur lors des impacts au sol.
Les nerfs et vaisseaux sanguins
Très innervé, le talon est aussi une zone bien vascularisée. Lorsqu’une inflammation se développe, des substances chimiques libérées localement viennent stimuler les nerfs, ce qui amplifie la perception de la douleur. Ces deux caractéristiques expliquent pourquoi le talon réagit si fortement aux microtraumatismes du quotidien.
Les causes fréquentes de douleurs au talon
Les talalgies peuvent résulter de causes très variées. Pour faciliter leur identification, on peut les regrouper en trois groupes principaux (… tout en gardant à l’esprit que l’origine des douleurs est la plupart du temps multifactorielle).
Les dysfonctionnements mécaniques
Cette catégorie regroupe les douleurs dues à des troubles de la posture ou à des contraintes répétitives sur le talon. Elle inclut principalement les pathologies de surmenage.

La fasciite plantaire (ou aponévrosite plantaire)
C’est sans doute la cause la plus fréquemment identifiée. Elle correspond à une inflammation du fascia plantaire et peut survenir dans diverses situations : sollicitation excessive des membres inférieurs, mauvais appui plantaire, manque de souplesse au niveau du mollet…
Cliniquement, elle se manifeste par une douleur intense sous le talon, particulièrement au lever ou après une période d’inactivité.
Bon à savoir
Parmi les facteurs de risque, on note : les activités sportives répétitives (course à pied, épreuves de saut…), l’utilisation de chaussures usées ou sans amorti, la surcharge pondérale…

L’Épine Calcanéenne
Aussi appelée Épine de Lenoir, cette pathologie prend la forme d’une excroissance osseuse localisée sur la face inférieure du calcanéum.
L’exostose en elle-même n’est pas douloureuse. Mais elle peut irriter les structures tendineuses et ligamentaires avoisinantes… Lorsqu’elle se trouve associée à une inflammation de l’aponévrose — la fasciite plantaire — l’épine calcanéenne peut contribuer à intensifier la douleur.
La Tendinite d’Achille
Des sollicitations répétées ou trop brutales peuvent provoquer une inflammation ou une dégénérescence des fibres formant le tendon d’Achille : on parle alors de tendinopathie.
Parmi les signes cliniques pouvant faire penser à une tendinite d’Achille :
- une douleur à l’arrière du talon, parfois avec un gonflement localisé, et qui augmente lorsque le tendon est sollicité (notamment lors de la mise sur la pointe des pieds) ;
- à la palpation, le tendon semble souvent « épaissi ».

La Bursite rétrocalcanéenne
Souvent en lien avec des pressions répétées ou un traumatisme direct, la bursite est une inflammation de la bourse séreuse située entre le tendon d’Achille et le calcanéum.
Sensibilité au toucher, rougeur, chaleur voire gonflement localisé peuvent être les symptômes de cette pathologie — parfois également appelée « bursite d’Achille » — .
Le syndrome de Haglund
Signe distinctif ? Une proéminence osseuse à l’arrière du calcanéum. En créant un conflit mécanique entre le talon et le tendon d’Achille, l’exostose entraîne souvent une inflammation de la bourse séreuse (bursite) et une tendinite d’Achille.
En général, la douleur est localisée à l’arrière du talon. Elle est souvent plus forte en charge (c. à. d. lorsque le patient marche ou court) et sera aussi exacerbée par des chaussures très rigides.
Les pathologies traumatiques et anomalies structurelles
Sont incluses dans ce groupe les douleurs dues à un traumatisme direct (fractures, déchirures…) et celles liées à des particularités anatomiques, qu’elles soient congénitales ou acquises .
Pathologies traumatiques
- Fracture de stress du calcanéum
Très fréquente chez les sportifs, elle résulte de microfissures osseuses causées par des contraintes répétées.
- Maladie de Sever
Affection touchant les enfants ou adolescents en période de croissance, la maladie de Sever est une inflammation de l’apophyse (cartilage de croissance du calcanéum) provoqué par des tractions répétées du tendon d’Achille sur ce cartilage immature.
Anomalies structurelles
- Pied plat : déformation fréquente qui modifie la biomécanique et peut entraîner des douleurs au talon du fait des mauvais appuis et d’une surcharge excessive.
- Pied creux : par sa conformation, le pied creux présente des appuis majoritairement sur l’avant-pied et le talon, d’où une possibilité de contraintes anormales et de douleur au talon
- Coalition tarsienne : fusion anormale entre deux os du tarse, qui limite la mobilité du pied et peut se traduire par des douleurs ressenties au talon.

Anomalies biomécaniques et lésions cutanées
Cette catégorie rassemble deux types de problèmes. D’un côté, les troubles mécaniques du pied qui modifient la répartition des appuis ; de l’autre, les lésions superficielles de la peau ou des tissus mous du talon.
Anomalies biomécaniques
- Atrophie du coussinet adipeux du talon : avec l’âge, ou après un traumatisme, l’épaisseur du coussinet graisseux situé sous le talon s’amenuise. Résultat : le pied perd son amorti naturel et des douleurs peuvent apparaître.
- Syndrome du tunnel tarsien : si des douleurs, fourmillements ou brûlures sont ressenties dans le talon et la plante du pied, cela peut être dû à une compression du nerf tibial dans le canal tarsien.
Lésions cutanées
Cors et durillons, callosités, crevasses… Mais aussi verrues plantaires et ulcérations (fréquentes chez les diabétiques) peuvent aussi être à l’origine de douleurs au talon.
À retenir : une douleur au talon n’est pas toujours le signe d’une maladie sous-jacente. Elle peut survenir pour mille et une raisons : port de chaussures inadaptées, exercice physique intense ou prolongé, surcharge pondérale, mouvements répétés…
Talon douloureux ? Ce qui doit vous inciter à consulter
Il arrive heureusement qu’une gêne légère disparaisse avec du repos ou simplement en changeant de chaussures. Mais il est des cas où la consultation d’un professionnel de santé s’impose. Quelques exemples ci-après.
Quand la douleur s’installe… ou qu’elle s’intensifie au fil des jours…
Même en laissant votre pied au repos, la douleur persiste ? C’est peut-être le signe d’une inflammation chronique. Peu de chances en tout cas que le problème se résolve spontanément. Et ce sera encore moins le cas si la douleur s’accentue graduellement. Alors, n’attendez pas : consultez !
Une gêne invalidante pour la marche
Si la douleur impacte votre façon de marcher, le risque est double. Non seulement la lésion initiale peut s’aggraver, mais vous risquez de voir apparaître des douleurs supplémentaires (au niveau des genoux, des hanches ou du dos par exemple…).
Quand l’aspect du talon change
Attention aux signes d’inflammation
Un talon rouge, chaud ou enflé, ce n’est pas normal. Mieux vaut identifier rapidement l’origine des signes inflammatoires pour éviter toute complication.
Une déformation palpable
De même, un renflement ou un « creux » inhabituels constatés sur le talon méritent toujours l’avis d’un spécialiste. N’oubliez pas que plus vous serez pris en charge rapidement, plus il sera facile de corriger ces déformations et de soulager les maux qu’elles entraînent.
Douleurs au talon : les solutions de votre podo-orthésiste
Expert de la santé du pied, votre podo-orthésiste saura vous proposer des solutions efficaces… Pour traiter la douleur bien sûr, mais aussi pour en identifier la cause et ainsi éviter les récidives.
Établir un diagnostic précis pour mieux cibler la douleur
Avant toute intervention corrective, un bilan complet doit être réalisé.
Il permettra d’évaluer la posture, le fonctionnement du pied, l’analyse des appuis plantaires, la marche et la mécanique globale des membres inférieurs.
Outre le classique « interrogatoire » du patient (habitudes de vie, antécédents familiaux…) et l’examen clinique du pied, il comprend divers tests techniques et des observations posturales.
Le but de ce bilan ? Identifier précisément les anomalies biomécaniques, déséquilibres ou pathologies à l’origine des douleurs afin d’orienter le patient vers les solutions les plus efficaces.
Si besoin, le bilan podologique peut être complété — sur prescription médicale — par des séances d’imagerie médicale.
C’est notamment le cas lorsque l’examen initial met en évidence des symptômes liés à des pathologies osseuses ou articulaires complexes.
Une échographie ou une IRM pourront aussi être demandées quand une pathologie des tissus mous est suspectée
Les traitements podo-orthésiques
Une fois le diagnostic posé, votre podo-orthésiste vous proposera un ensemble de solutions visant à soulager durablement vos douleurs :
- conception et fabrication de semelles orthopédiques sur mesure ;
- adaptation ou correction des troubles biomécaniques du pied ;
- recommandations pour le choix des chaussures et conseils d’éducation thérapeutique (exercices et étirements à réaliser…)
Un programme complet pour retrouver confort, mobilité et plaisir de marcher. Car oui, bonne nouvelle : la plupart des douleurs au talon peuvent être apaisées sans opération, grâce à une prise en charge personnalisée.
Conclusion
C’est un fait : les douleurs au talon touchent beaucoup de personnes et elles peuvent vite rendre le quotidien inconfortable.
Pour autant, elles n’ont rien d’une fatalité… À condition bien sûr d’être correctement prises en charge. Avec une analyse précise des mécanismes susceptibles de provoquer la douleur, on peut facilement trouver des solutions adaptées (conception d’orthèses plantaires, programme d’exercices spécifiques…) qui constituent la base d’un soulagement durable.
Alors si vous souffrez de douleurs au talon, n’attendez pas pour en parler à un spécialiste !
Que vous habitiez Nantes, Rennes ou Saint-Malo, les équipes d’ORTHOPÉDIE CHAUVEAU sont à votre disposition pour vous accompagner, du diagnostic jusqu’à la mise en place de solutions personnalisées.


